Étude de cas 2: Utilisation du cadre conceptuel de l’OMS basé sur les « éléments constitutifs » des systèmes de santé pour analyser comment la RMO peut être intégrée et maintenue durablement dans le système de santé

Contexte : Bien que la RMO ne puisse être menée que dans une zone géographique spécifique ou un nombre d’établissements de santé limité, ceci pour des raisons de faisabilité opérationnelle, de ressources humaines et de financement, les implications de la RMO peuvent s’appliquer à une section plus large d’un système de santé donné. L’OMS a recommandé l’utilisation d’un cadre conceptuel basé sur les « éléments constitutifs » des systèmes de santé pour examiner de manière exhaustive comment les interventions peuvent fonctionner de manière plus performante et plus efficace dans des contextes complexes et réels. Cette approche analyse les six éléments constitutifs des systèmes de santé de l’OMS, qui définissent les composantes essentielles d’un système de santé. Cette approche a été utilisée dans l’analyse des barrières et des motivations concernant la circoncision masculine médicale volontaire (VMMC) dans 14 pays prioritaires qui ont été chargés d’étendre les services de VMMC à 80% des hommes âgés de 15-49 ans et séronégatifs au VIH, entre 2008 et 2016. Bien que le programme ait commencé en 2008, en juillet 2014, seuls deux pays avaient atteint plus de 50% des valeurs cibles alors que les autres avaient atteint moins de 30%. Cette analyse a utilisé le cadre des éléments constitutifs des systèmes de santé de l’OMS pour examiner les facteurs influençant la mise à l’échelle des programmes de la VMMC de 2008 à 2013 dans 14 pays prioritaires. L’influence de chaque élément constitutif respectif est résumée ci-dessous.

(i) Leadership et gouvernance : le succès de l’intervention a été facilité par son appropriation durable dans le pays et par une volonté politique. Toutefois, l’engagement continu et la détermination des parties prenantes sont également essentiels.

(ii) Personnel de santé : les activités de l’intervention proposée ne doivent pas compromettre le travail de la main-d’œuvre déjà surchargée et la qualité générale des services de santé fournis. Ainsi, toute innovation doit s’assurer d’avoir un bon rendement pour minimiser les contraintes sur les ressources humaines. Dans l’intervention de VMMC, le transfert et le partage des tâches étaient à même de faciliter la mise à l’échelle. Une formation appropriée pour les professionnels de santé non médecins était essentielle.

(iii) Prestations des services de santé : étendre l’accès et améliorer la demande à la VMMC sont deux aspects essentiels pour favoriser l’utilisation des services. Des services mobiles ou de proximité pour élargir l’accès à la VMMC ont été couronnés de succès dans des pays tels que le Kenya. Cependant, l’expérience au Zimbabwe a révélé qu’il était nécessaire de comprendre les obstacles et les facteurs de motivation liés à l’adoption de la VMMC pour déterminer la demande de services.

(iv) Produits médicaux, vaccins et technologies : la disponibilité de produits et de matériel en quantité suffisante, dans les délais et d’une qualité acceptable est essentielle au succès d’une intervention. La réussite de la mise en œuvre de la VMMC nécessite des partenariats coordonnés efficaces et performants pour répondre aux besoins en matériels. Cependant, dix des 14 pays ont signalé des problèmes liés à des approvisionnements inadéquats et à des retards dans les achats. En outre, dans la plupart des cas, les activités de gestion des déchets de la VMMC n’ont pas été chiffrées.

(v) Financement du système de santé : pour l’extension de la VMMC, la disponibilité de financements externes a été un élément facilitateur majeur. Cependant, le recours au financement par des bailleurs de fonds pour la mise à l’échelle s’est révélé être un obstacle dans les pays qui sont arrivés bien en deçà des objectifs cibles de la VMMC. Pour combler ces écarts de financement, plusieurs pays génèrent des fonds au niveau national et les dirigent spécifiquement vers les programmes de lutte contre le VIH, y compris vers les activités de la VMMC.

(vi) Systèmes d’information sanitaire : des informations de qualité sont nécessaires pour guider les décisions basées sur des preuves pour savoir comment allouer des ressources limitées pour la prévention du VIH, y compris pour les programmes de la VMMC. Des ensembles normalisés d’indicateurs développés par les agences techniques et de financement ont été un facteur qui a renforcé le suivi et l’évaluation des services de VMMC. Cependant, comme il est difficile de garantir que les données collectées par les systèmes nationaux d’information sanitaire soient de qualité suffisante pour une interprétation fiable, dans la plupart des pays les systèmes de suivi de la VMMC sont parallèles aux systèmes nationaux d’information sanitaire.

Conclusion : L’utilisation des éléments constitutifs du système de santé de l’OMS pour analyser les barrières à la mise en œuvre peut identifier explicitement les obstacles et les catalyseurs à l’intégration de la RMO dans le système de santé.

Enseignements : Comprendre dans leur contexte les obstacles et les éléments facilitateurs de la demande pour une intervention donnée est essentiel pour améliorer l’intégration et la viabilité des résultats de la RMO dans le système de santé.

Source: Ledikwe J.H. et al. Scaling-up voluntary medical male circumcision – what have we learned? HIV/AIDS (Auckl). 2014; 6:139–46.