Adoption des résultats probants de la recherche : obstacles et catalyseurs

Il existe divers obstacles et catalyseurs au regard de l’utilisation des résultats de recherche. De nombreux utilisateurs de résultats de recherche (par exemple, les gestionnaires de programmes et les exécutants) opèrent dans un environnement soumis à des pressions et à des impératifs particuliers. Leurs délais d’action peuvent être très courts. Ces utilisateurs opèrent souvent dans des environnements difficiles et dynamiques façonnés par de multiples facteurs et des parties prenantes internes et externes, et leur expertise à appliquer et équilibrer différentes contributions pour résoudre les problèmes peut être limitée.

Les obstacles qui ont été identifiés vont des barrières à l’accès aux résultats et à la recherche, au manque de systèmes institutionnels favorables et de mécanismes de soutien pour la recherche, jusqu’aux obstacles individuels, tels que décrits ci-dessous.

  • Compétences insuffisantes (en particulier les compétences de recherche ou d’évaluation des résultats probants) parmi les praticiens, soit pour évaluer les résultats probants de la recherche, soit pour faire la part des choses face à des sources d’influence concurrentes10. Ceci peut inclure des praticiens qui n’ont pas une idée précise de comment avoir accès à des informations pertinentes et adaptées à leurs besoins, de comment reconnaître la qualité des sources de données de recherche, et finalement de comment utiliser ces résultats probants11. Après tout, « les résultats probants parlent avec de nombreuses voix différentes », et chaque preuve peut avoir des interprétations multiples (voire contradictoires) et des implications différentes12. Certains résultats peuvent être ambigus et échouer dans l’estimation précise des effets attendus13.
  • Culture organisationnelle : comment une organisation prend-elle des décisions ? Comment l’information circule-t-elle dans une organisation ? Quelles sont ses capacités à interagir avec les résultats probants de la recherche14,15 ? La « pensée de groupe » ou une attitude de « c’est comme ça que ça se passe par ici » peuvent également ralentir ou fausser l’utilisation des données de recherche. Le contexte administratif qui prévaut peut aussi soustraire les gestionnaires de programmes, les exécutants ou les agents techniques des efforts de plaidoyer des chercheurs, et ils peuvent ne pas ressentir de responsabilité envers la communauté en général.
  • Perception de la recherche par les praticiens : cela peut inclure le coût perçu et respect des délais dans la recherche. Compte tenu du peu de temps dont disposent de nombreux praticiens pour prendre des décisions, la recherche peut être considérée comme trop coûteuse, prenant trop de temps ou comme un luxe pour avoir une réelle valeur pratique.
  • Surcharge d’information : les praticiens, les gestionnaires de programmes et les exécutants peuvent être submergés par de trop nombreuses sources d’information, ou être soumis à d’autres influences (par exemple, des lobbyistes ou d’autres groupes d’intérêts ayant des ressources financières, des capacités ou des connaissances internes pour faire progresser un projet particulier).
  • Séparation de disciplines spécifiques en « silos » : dans tous les secteurs (ou silos) de la santé et du développement, la compétition et la rivalité entre institutions sont monnaie courante. Non seulement les organisations sont obligées par les bailleurs de fonds de se faire concurrence pour obtenir un financement, mais certaines institutions peuvent être appelées à entrer en concurrence pour une raison de crédibilité ou à cause de leur mandat dans un domaine donné. Différents silos disciplinaires, incluant secteurs et institutions, manquent souvent d’une culture ou d’un langage commun qui sont essentiels pour collaborer efficacement. Cela peut provoquer hésitation ou réticence de la part de certaines institutions à s’engager dans une collaboration intersectorielle de peur d’être exposées à des pairs mieux informés ou à des critiques valides.

Les catalyseurs menant à une adoption plus large des résultats probants de recherche peuvent inclure les points suivants:

  • La nécessité nationale est souvent considérée comme le moteur essentiel de l’adoption et de l’application des résultats probants de la recherche. Lorsqu’un système de santé national ou provincial subit un changement de politique spécifique ou connaît des besoins de santé nouveaux ou émergents, les exigences de la situation conduisent souvent à une recherche active de résultats probants et pertinents pour en guider la mise en œuvre dans de nouveaux domaines.
  • Les chercheurs peuvent également « recadrer » les problèmes de pratique actuels pour les aligner sur les preuves existantes ou les priorités nationales émergentes. Le recadrage d’un problème de mise en œuvre est souvent une étape essentielle dans les activités d’application des connaissances (par exemple, une note de politique) et peut rassembler de nombreux types de preuves pour répondre à une pratique particulière ou à un besoin de mise en œuvre16.
  • Renforcer les capacités des praticiens : il faut exiger des données de recherche qui répondent à leurs besoins et les aident ; il faut que les praticiens puissent accéder aux résultats probants de la recherche, les évaluer, les adapter et les appliquer dans leur travail quotidien.
  • Encourager la collaboration entre chercheurs et praticiens : pour générer des informations clés, encourager le partage actif de connaissances, et identifier les priorités urgentes.
  • Créer des messages ciblés (par exemple, notes de politique, communiqués de presse) soulignant le rôle que les résultats probants de la recherche peuvent jouer pour contribuer à de meilleurs programmes ou à l’amélioration des interventions17. Les preuves de recherche peuvent être communiquées plus efficacement en les transformant en histoires convaincantes. Par exemple, en comparant « les coûts de l’action à ceux de l’inaction », la probabilité que les résultats probants influent sur la prise de décision peut être beaucoup plus élevée.
  • Encourager les contacts interpersonnels et développer la confiance entre chercheurs et praticiens : la confiance construite à partir de relations personnelles peut être un ingrédient essentiel reliant le monde de la recherche à celui de la pratique.

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Références