Élaboration de propositions dans une optique intersectionnelle du genre

La justification d’une étude de RMO doit être convaincante pour les agences de financement et les décideurs politiques concernés, afin qu’ils puissent potentiellement engager des ressources dans votre projet de RMO et prendre des décisions politiques pertinentes ou des changements informés par les résultats de l’étude. Dans la justification d’une proposition de RMO, l’importance de la recherche - par rapport aux programmes ou politiques de recherche locaux et nationaux existants - doit être clairement décrite. Il faut aussi justifier pourquoi l’étude doit être menée. Indiquez comment les “voix” de la population vulnérable seront intégrées et exploitées pour formuler les recommandations nécessaires qui amélioreront leur accès à l’intervention, y compris à différents niveaux du système de santé^40,41. Cela peut être réalisé en décrivant clairement comment les participants seront sélectionnés lors des étapes d’engagement des parties prenantes et de la communauté afin de garantir la diversité et la représentation des populations vulnérables dans le contexte de l’étude.

Le problème de recherche doit présenter un intérêt et être justifiable pour toutes les parties prenantes (par exemple, les chercheurs, les responsables politiques, les décideurs, les organismes de financement, les prestataires de soins et la communauté concernée par la recherche). Dans votre énoncé du problème, décrivez le problème, son ampleur, les pratiques actuelles en matière de santé, les attitudes des populations vulnérables à l’égard de la santé et les facteurs qui les empêchent d’accéder à l’intervention.

Décrire quels pourraient être les défis et les opportunités liés au genre pour les solutions de RMO proposées. Spécifiquement, en utilisant une optique intersectionnelle du genre, explorez comment les dimensions du genre interagissent avec d’autres variables sociales (par exemple, le statut socio-économique, la sexualité, l’âge, le statut de réfugié, la situation géographique ou la religion, entre autres), pour influencer la mise en œuvre de votre RMO.

Les questions de recherche doivent présenter un intérêt et une pertinence pour toutes les parties prenantes du projet.

En s’appuyant sur les cadres de référence du genre, des questions d’analyse intersectionnelle du genre peuvent être élaborées pour guider les chercheurs dans l’orientation générale de l’étude. Par exemple, elles peuvent aider à définir les objectifs de la recherche et élaborer des questions et des hypothèses de recherche. Ces questions aident les chercheurs à aller au-delà de la description des différences entre les hommes/garçons, les femmes/filles et les personnes ayant des identités non binaires. En particulier, elles peuvent aider à examiner et interpréter de manière critique la façon dont les inégalités entre les sexes se manifestent dans un contexte particulier. Elles peuvent aussi expliquer comment ces inégalités se croisent avec d’autres facteurs d’inégalité et sont influencées par eux, et leur effet sur les RMO¹.

Lors de l’élaboration de questions de RMO intersectionnelles fondées sur le genre, il faut tenir compte des différentes variables sociales du cercle intérieur de la roue de l’intersectionnalité¹⁵. Ces variables interagissent pour façonner l’expérience individuelle en fonction des facteurs contextuels dans lesquels le projet de RMO est mené. Les facteurs contextuels clés - tels que les facteurs physiques, l’environnement politique, les structures économiques, sociales et culturelles, les systèmes de santé, etc. - doivent être analysés objectivement pour s’assurer que les questions de recherche sont formulées et encadrées en tenant compte de ces facteurs.

Les questions de RMO doivent être sensibles aux diverses caractéristiques de la population cible du projet de RMO (par exemple, l’identité de genre, l’âge, le statut social, la (dis)capacité, l’orientation sexuelle, etc.). Une perspective intersectionnelle du genre ne suppose pas la même expérience dans tous les sous-groupes de la population. Par exemple, toutes les femmes enceintes dans la même zone géographique ne rencontrent pas les mêmes obstacles pour accéder aux soins de santé. Cela reflète le fait que la prise de décision est influencée par différents systèmes et structures de pouvoir ainsi que par d’autres facteurs qui influencent l’accès aux ressources sociales, économiques et politiques. Par exemple, Morgan et coll⁴² ont établi qu’au niveau sociétal, les femmes enceintes handicapées d’une communauté Ougandaise étaient évitées par les hommes responsables de leur grossesse. Tandis qu’au niveau de la structure de santé, les attitudes et les comportements des agents de santé à leur égard étaient désobligeants, ce qui a eu un impact négatif sur leurs comportements de recherche de services de santé maternelle.

Cela met également en évidence les différences entre les questions de recherche de l’analyse du genre et de l’analyse intersectionnelle du genre, comme l’illustre le tableau 5.

Pour développer des questions d’analyse de genre pour les RMO, des variables de résultats de mise en œuvre reconnues doivent être utilisées pour développer des questions connexes d’analyse du genre. Diverses variables de résultats de mise en œuvre ont été conçues pour servir d’indicateurs de l’efficacité de l’intervention ^43,44. Ces variables sont l’acceptabilité, l’adoption, l’adéquation, la faisabilité, la fidélité, le coût de mise en œuvre, la pénétration et la durabilité.

Lors de l’élaboration des questions de l’analyse intersectionnelle du genre, il est important de se demander : comment cela diffère-t-il entre les différents groupes d’hommes, de femmes et de personnes non binaires ? Comment le genre s’entrecroise-t-il avec d’autres variables sociales (par exemple, l’âge, l’identité de genre, l’éducation) pour créer des différences entre différents groupes d’hommes, de femmes et de personnes non binaires ? Le tableau 6 montre un exemple de questions d’analyse de genre intersectionnelles basées sur un modèle de genre¹⁶, mises en correspondance avec la faisabilité, l’une des variables de résultat de la mise en œuvre.

Une analyse documentaire fournit une base de connaissances sur un sujet de recherche donné.

Pour intégrer une perspective intersectionnelle du genre, concentrez la recherche documentaire sur l’exploration de l’intersection du genre avec d’autres variables sociales ou axes d’inégalité en relation avec votre problème de RMO¹. Utilisez des mots-clés sensibles au genre et à l’intersectionnalité.

Par exemple, O’Neill et al⁴⁵ ont exploré l’utilité de l’utilisation de l’acronyme PROGRESS (c’est-à-dire lieu de résidence, race/ethnie/culture/langue, profession, genre/sexe, religion, éducation, statut socio-économique et capital social) lors de 11 revues systématiques et études méthodologiques publiées entre 2008 et 2013 pour évaluer les effets des interventions sur l’équité en santé. L’encadré 4 présente des exemples de mots-clés pour les variables intersectionnelles qui peuvent être utilisés lors de la réalisation d’une analyse documentaire.

Consultez de multiples sources de données, y compris des recherches communautaires spécifiques, des publications et de la littérature grise. Une grande partie de la recherche communautaire peut ne pas être publiée dans des revues à comité de lecture. Par conséquent, il sera utile d’effectuer des recherches sur Internet pour trouver les informations publiées sur les sites Web respectifs des organisations communautaires⁴⁷ qui sont actives dans la zone géographique de votre projet de RMO. Vous pouvez également enrichir votre analyse documentaire en citant des études antérieures qui mettent en évidence les similitudes et les différences significatives entre les différentes identités sociales, qui peuvent à leur tour éclairer la réflexion sur la conception du projet de recherche.

Les objectifs de recherche doivent être spécifiques, mesurables, réalisables, réalistes et limités dans le temps. Lors de l’élaboration de vos objectifs de recherche, réfléchissez aux résultats de la mise en œuvre qui sont appropriés pour votre étude et à la façon dont ils peuvent être mesurés. Les objectifs de l’étude sur la RMO avec une optique de genre intersectionnelle doivent être alignés avec les questions de recherche correspondantes et suffisamment stratégiques pour aider à réduire les goulots d’étranglement de la mise en œuvre, favorisant ainsi l’accès et la couverture de l’intervention parmi la population cible vulnérable. En d’autres termes, les objectifs doivent contribuer à l’élimination ou à l’atténuation des expériences négatives vécues par la population cible vulnérable. L’encadré 5 présente des exemples d’études dans lesquelles les objectifs de recherche dénotent une approche intersectionnelle du genre.

La conception de la recherche est le plan ou la stratégie conceptuelle dans le cadre duquel la recherche est menée⁵⁰. Différents modèles d’étude peuvent être utilisés dans les projets de RMO. Les différentes conceptions d’étude et les facteurs guidant la sélection d’une conception d’étude appropriée ont été décrits en détail dans d’autres parties de cette boîte à outils.

Dans cette section de votre proposition de RMO, précisez le plan d’étude et la justification de son choix. Lorsque vous décidez de la conception de votre étude, adoptez une optique de genre intersectionnelle pour explorer et réfléchir aux questions “quoi”, “pourquoi” et “comment”, afin de découvrir comment différentes variables sociales se croisent pour influencer la mise en œuvre et l’accès à l’intervention considérée⁴³. L’échelle d’évaluation de la prise en compte du genre de l’OMS⁴ est un cadre utilisé pour aider à déterminer le degré d’intégration du genre dans la recherche. L’échelle comprend cinq types de recherche :

• La recherche non sexiste perpétue l’inégalité des sexes en renforçant les normes, les rôles et les relations déséquilibrés.
• La recherche sans distinction de genre ignore les normes, les rôles et les relations entre les sexes.
• La recherche sensible au genre prend en compte l’inégalité générée par les normes, les rôles et les relations inégales entre les sexes, mais ne prend aucune mesure corrective pour y remédier.
• La recherche spécifique au genre considère l’inégalité générée par les normes, les rôles et les relations inégales entre les sexes et prend des mesures correctives pour y remédier, mais ne change pas les relations de pouvoir sous-jacentes.
• La recherche transformatrice de genres’ attaque aux causes des inégalités de santé fondées sur le genre en transformant les normes, rôles et relations de genre nuisibles par l’inclusion de stratégies visant à favoriser des changements progressifs dans les relations de pouvoir entre les femmes et les hommes.

Pour mener des études de RMO et/ou des interventions sanitaires, le cadre du continuum du genre ^5,51 est utile pour aider à déterminer comment le genre est pris en compte dans la conception et la mise en œuvre des interventions. Ce cadre classe les interventions en fonction des catégories suivantes :

• Les interventions qui exploitent le genre et qui profitent des inégalités, des normes, des comportements ou des stéréotypes de genre existants et prévalents afin d’atteindre les résultats du programme.
• Les interventions tenant compte de la dimension de genre qui ajustent ou compensent les inégalités, les normes ou les comportements de genre existants pour atteindre les résultats du programme.
• Les interventions transformatrices de genre qui tentent de remettre en question ou de changer les relations de pouvoir existantes entre les sexes qui renforcent les inégalités entre les sexes.

La figure 9 aide les chercheurs à évaluer leurs activités planifiées par rapport à chaque approche/ niveau afin de déterminer dans quelle mesure leurs recherches et/ ou interventions intègrent actuellement le sexe et le genre¹.

Lors de votre exercice de conception de la recherche, réfléchissez aux données qui doivent être collectées et désagrégées en fonction de diverses variables croisées pour faciliter l’analyse intersectionnelle des genres. Pour que les résultats soient plus précis, concentrez-vous spécifiquement sur les variables sociales qui peuvent être désagrégées pour créer des variables significatives au niveau du groupe⁵³. L’inclusion de telles mesures fiables et valides permet aux chercheurs d’explorer les facteurs complexes qui façonnent et influencent les expériences des individus influencés par les différentes dimensions du genre.

Les modèles d’étude utilisés dans la RMO peuvent être interventionnels (par exemple, des études expérimentales, quasi-expérimentales, avant et après, des études de cohorte ou des essais contrôlés randomisés) ou observationnels (par exemple, des études exploratoires, descriptives et comparatives). Pour votre projet de RMO, vous pouvez utiliser des méthodes de recherche quantitatives, qualitatives ou une combinaison des deux (c’est-à-dire des méthodes mixtes).

Les facteurs clés à prendre en compte lors du choix de vos méthodes de recherche sont les suivants :

• Forces et limites de la méthode de recherche compte tenu des objectifs de votre étude.
• Validité de l’étude.
• Applicabilité des résultats de l’étude à l’ensemble de la population.
• Cohérence des résultats de l’étude.

La RMO se concentre sur l’identification des défis et des goulots d’étranglement liés au déploiement d’interventions sanitaires, ainsi que sur le développement et le test de stratégies efficaces conçues pour les surmonter. Si l’intervention sanitaire est nouvelle, vous pouvez tester l’acceptabilité, l’adoption, la pertinence, la faisabilité et la durabilité de cette intervention. Par exemple, si votre RMO explore les obstacles et les facilitateurs de l’accès à l’intervention par les participants prévus dans la communauté, une approche intersectionnelle du genre aide à comprendre l’ampleur ainsi que les facteurs contributifs qui influencent les obstacles à l’accès à l’intervention. Les méthodes participatives de recherche (MPR) placent les populations les plus vulnérables au centre de la recherche^40,47. Les MPR sont collaboratives et engagent équitablement tous les partenaires dans le processus de recherche, par exemple lors de l’identification des problèmes et de la planification des actions pour le changement, augmentant ainsi la probabilité que les participants utilisent les résultats de la recherche pour des actions appropriées.^54,55.

En outre, l’implication des populations vulnérables permet aux chercheurs d’apprécier les relations entre les sexes en jeu et la manière dont celles-ci se croisent avec d’autres variables sociales pour influencer l’accès à l’intervention. Si l’intervention sanitaire est bien établie, vous pouvez tester sa fidélité, son coût et sa couverture. Si votre étude vise à connaître les goulots d’étranglement de la mise en œuvre de l’intervention, il sera utile aux chercheurs de comprendre le point de vue des personnes chargées de la mise en œuvre (par exemple, les médecins, les infirmières, les agents de santé communautaires qui dispensent des soins ou des traitements) pour voir comment les différences entre les sexes influencent la mise en œuvre. Les trois méthodes de recherche les plus courantes que vous pouvez utiliser dans la RMO avec une optique de genre intersectionnelle sont brièvement décrites dans la section suivante.

Méthodes qualitatives

L’utilisation d’une optique de genre intersectionnelle dans les méthodes de recherche qualitative permet de mieux comprendre les expériences vécues par les personnes et la manière dont les pratiques, les politiques et les programmes répondent aux besoins des femmes/filles, des hommes/garçons et des personnes ayant une identité non-binaire. Vous pouvez prendre en compte la MPR lors de la conception de votre étude qualitative. Parmi les différentes MPR, citons la cartographie participative (par exemple, les cartes de la communauté, les transects), les lignes du temps (par exemple, les histoires de vie, les activités quotidiennes) ainsi que le classement des priorités, les diagrammes de Venn, la notation matricielle et l’utilisation d’arbres à problèmes. Ces dernières années, la recherche-action participative (RAP) a été utilisée comme outil pour encourager les communautés et les acteurs du système de santé à reconnaître leurs propres problèmes et à créer des solutions susceptibles de promouvoir le changement social⁵⁶

Dans votre proposition de RMO, vous devez décrire les méthodes de collecte de données qualitatives que votre étude utilisera, y compris le processus suivi pour identifier l’échantillon de l’étude. Les instruments de recherche qualitative utilisés pour la collecte de données dans les RMO comprennent les entretiens avec des informateurs clés (IC), les discussions de groupe dirigées (DGD), les observations, les documents (par exemple, les journaux intimes et les documents historiques), entre autres.

Méthodes quantitatives

Les méthodes quantitatives impliquent la collecte et l’analyse de données objectives, souvent sous forme numérique et utilisées pour examiner les relations entre les variables. Le processus de recherche, les interventions et les outils de collecte de données (par exemple, les questionnaires, les listes de contrôle d’observation, les instruments basés sur la performance) sont normalisés pour minimiser ou contrôler les biais possibles⁵³.

Méthodes mixtes

La majorité des questions de recherche sur les RMO nécessitent des réponses aux aspects “ quoi ” et “ pourquoi ” et, par conséquent, requièrent l’utilisation de méthodes mixtes comprenant des approches quantitatives et qualitatives. Si vous utilisez une approche mixte, vous devez expliquer pourquoi votre équipe a choisi cette approche, et comment l’utilisation de méthodes qualitatives et quantitatives fournira des informations pour répondre à la question de recherche et aux objectifs.

Dans cette section de votre proposition, décrivez : (i) les individus de la catégorie sociale d’intérêt ; (ii) comment les dynamiques de genre et les divers domaines de genre interagissent dans la mise en œuvre et les résultats de l’intervention ; (iii) comment d’autres axes d’inégalité et structures de pouvoir tels que le milieu social, l’éducation, le sexisme, le classisme, l’homophobie, ou toute combinaison pertinente de ceux-ci, ont un impact sur leur expérience avec le système de soins de santé. Par exemple, si votre étude a pour but de tester l’adoption d’une intervention pour une maladie non transmissible dans un contexte de soins de santé primaires, vous pouvez considérer les différences entre les hommes et les femmes qui utiliseront l’intervention et si leur religion, leur éducation, leur statut de revenu, leur âge, etc. - compte tenu de leur contexte spécifique - se croisent pour influencer leur décision d’utiliser l’intervention.

Recrutement des participants à l’étude

Les personnes sont souvent confrontées à des obstacles uniques lorsqu’elles accèdent à des interventions en raison de dynamiques de pouvoir interpersonnelles, sociétales et/ou structurelles et de pratiques discriminatoires. Ceci est particulièrement fréquent pour ceux qui ne sont pas respectés socialement ou légalement dans certains contextes, par exemple dans le cas d’identités de genre au-delà des catégories binaires de genre. Il est important d’élaborer et de mettre en œuvre intentionnellement une stratégie pour identifier et rencontrer les répondants appropriés, éviter les préjudices que leur participation pourrait leur causer et s’assurer que les répondants clés ne sont pas exclus.

Par exemple, dans les sociétés présentant de graves inégalités sanitaires et sociales entre les populations, si vous identifiez les participants à partir d’une base de données de patients d’établissements de santé, il est possible que vous perdiez les membres les plus vulnérables de la communauté, car ils n’ont peut-être pas accès aux services des établissements de santé. Dans les régions de l’est de l’Éthiopie, par exemple, où les normes de genre dictent la préférence pour les fils, plus de 50 % des ménages avaient une probabilité accrue de recherche de soins préférentiels pour les garçons, mais une probabilité moindre pour les filles, par rapport aux communautés dans lesquelles moins de 50 % des ménages étaient musulmans⁵⁷.

Vous devez veiller à ne pas concentrer le recrutement uniquement sur les institutions traditionnellement reconnues telles que les établissements de santé et les institutions de formation, et élargir votre stratégie à d’autres institutions, organisations de la société civile et réseaux de défense des droits de l’homme qui peuvent contribuer à la phase de recrutement de votre projet de recherche. Parmi les autres sources de recrutement à envisager, citons les organisations de défense des droits, les centres religieux, les groupes d’autonomisation, les centres communautaires, les syndicats/ fraternités et les sites Internet tels que les médias sociaux, les forums de discussion, les blogs et les groupes de soutien^58,59.

Dans le cas de populations difficiles à atteindre, vous pouvez envisager d’utiliser l’échantillonnage en fonction du lieu où l’échantillonnage en fonction du temps et de l’emplacement (TLS).

La stratégie TLS aide les chercheurs à intercepter les populations difficiles à atteindre dans les lieux et aux moments où elles sont susceptibles de se rassembler^60,61. Par exemple, elle peut être utilisée pour les adolescents qui se rassemblent pour accéder aux services qui leur sont proposés dans des lieux sociaux spécifiques à certains moments de la journée. Il existe des gardiens de la communauté qui peuvent être d’excellentes sources pour aider à identifier les participants. Cependant, un biais de sélection peut se produire, car ces gardiens ont le potentiel d’exclure des participants clés qui pourraient avoir une barrière linguistique, qui hésitent à parler ou qui pourraient devoir demander la permission à des membres de leur famille pour participer à l’étude. Pour s’assurer qu’il n’y a pas de biais de sélection, il est préférable d’approcher différents gardiens de la communauté, de préférence d’identités sexuelles et de situations sociales différentes, afin d’inclure un groupe hétérogène de personnes dans votre étude.

Dans cette section de la proposition, décrivez les étapes de votre processus d’échantillonnage. Les principales étapes sont⁶²:

1. Définir la population cible.
2. Sélection de la base de sondage.
3. Choisir la technique d’échantillonnage.
4. Déterminer la taille de l’échantillon.

En général, les techniques d’échantillonnage peuvent être divisées en deux types:

En général, les techniques d’échantillonnage probabiliste sont utilisées dans les méthodes de recherche quantitative et les techniques d’échantillonnage non probabiliste dans les méthodes de recherche qualitative. Dans l’ensemble, il faut veiller à ce que l’échantillon soit aussi hétérogène que possible pour permettre la diversité au sein de la population étudiée. Cela facilite la représentation de ceux qui auraient été négligés⁵⁸. Avant d’échantillonner, il est important de définir les critères d’inclusion et d’exclusion de votre étude.

Etude quantitative

Comme les études quantitatives nécessitent un échantillon représentatif par rapport aux caractéristiques de la population, un échantillonnage probabiliste est préférable. Cela permet à chaque individu de la population d’avoir une certaine chance d’être inclus dans l’échantillon. Lorsque vous planifiez la taille de votre échantillon, tenez compte de la manière dont les données seront désagrégées dans votre étude. Par exemple, si votre étude explore les obstacles à l’accès à une intervention sanitaire par des adolescents résidant dans un lieu géographique spécifique, vous voudrez que la taille de votre échantillon soit représentative des garçons et des filles adolescentes. Afin d’intégrer une perspective de genre intersectionnelle, il sera utile de prendre en compte des variables sociales telles que le niveau d’éducation, la religion, l’état matrimonial, etc. pertinentes pour votre étude, tout en considérant la taille de votre échantillon, afin de pouvoir collecter des données désagrégées pour l’analyse.

Etude qualitative

Dans la recherche qualitative, l’utilisation de stratégies d’échantillonnage intentionnel, par quotas et en boule de neige, dans une perspective de genre intersectionnel, renforce la conception de l’étude et favorise la diversité et l’inclusion des participants^60,63

Dans le cadre d’une recherche qualitative, l’échantillon doit être conçu pour permettre une compréhension approfondie du rôle du genre et de son intersection avec d’autres variables sociales. Tenez compte des similitudes et des différences au sein de la population étudiée. La stratégie d’échantillonnage dépendra de l’objectif de l’étude et du type d’analyse (c’est-à-dire inter-catégorielle ou intra-catégorielle) que vous prévoyez de faire.

Dans le cadre d’une recherche qualitative, l’échantillon doit être conçu pour permettre une compréhension approfondie du rôle du genre et de son intersection avec d’autres variables sociales. Tenez compte des similitudes et des différences au sein de la population étudiée. La stratégie d’échantillonnage dépendra de l’objectif de l’étude et du type d’analyse (c’est-à-dire inter-catégorielle ou intra-catégorielle) que vous prévoyez de faire. Pour une analyse inter-catégorielle, vous pouvez diviser votre échantillon en différents groupes en fonction de la variable sociale pertinente que vous étudiez. Par exemple, pour effectuer une analyse de genre intersectionnelle sur la façon dont le genre s’entrecroise avec le statut économique de différents groupes de personnes lorsqu’elles recherchent des soins de santé, votre échantillon devra être suffisamment diversifié pour que les données puissent être ventilées entre les hommes pauvres et les femmes pauvres contre hommes riches vs femmes riches. L’échantillon doit être aussi représentatif que possible d’une communauté ou d’une population d’intérêt, tout en étant suffisamment hétérogène pour permettre des explorations inductives (par exemple, en s’interrogeant sur la façon dont diverses catégories peuvent se croiser pour façonner différemment l’expérience)⁶⁴. Une analyse intra-catégorielle se concentre sur un groupe spécifique à l’intersection de multiples variables sociales pour expliquer les différences au sein du groupe et les structures sociales plus larges qui influencent leurs vies. Par exemple, si votre RMO explore les obstacles et les facteurs qui incitent les adolescentes à rechercher des services de santé reproductive, votre échantillon restera homogène puisque vous n’identifiez que des adolescentes. Cependant, en effectuant une analyse intersectionnelle du genre, vous devez garder à l’esprit que différentes variables sociales telles que l’éducation, la religion, etc. d’une adolescente se croiseront pour influencer son expérience de recherche de services de santé reproductive. Ainsi, au sein de votre échantillon d’adolescentes, vous devez être en mesure d’analyser les différences d’expérience dues aux différentes variables sociales et autres facteurs structurels ou contextuels.

En tant que chercheur, vous devez être conscient de la façon dont les relations de pouvoir, les préjugés et d’autres facteurs clés peuvent influencer la qualité et la validité des données recueillies (Tableau 7).

Pour accroître la participation pendant la collecte des données, décrivez les mesures que vous utiliserez pour donner à chaque participant la même possibilité de s’impliquer. Décrivez également comment l’équipe de recherche garantira la confidentialité tout au long du processus de recherche. La vie privée, la sécurité et la confidentialité doivent être assurées pendant la collecte des données, et l’équipe de recherche doit être sensible aux dynamiques de genre existantes. Par exemple, dans certains contextes ou circonstances, les femmes peuvent se sentir mal à l’aise si l’agent de collecte des données ou le chercheur n’est pas une femme. De même, la hiérarchie institutionnelle peut influencer les réponses des officiers subalternes pendant les groupes de discussion en présence de leurs collègues superviseurs ou un cadre supérieur. Au niveau du foyer ou de l’école, les adolescents, garçons ou filles, peuvent craindre de participer ouvertement en présence d’un parent, d’un tuteur ou d’un enseignant.

Soyez conscient des dimensions de genre (par exemple, les rôles, les normes et les relations entre les sexes) qui influencent la division du travail au niveau du ménage et de la communauté. Par exemple, dans certaines communautés, les normes de genre imposent aux femmes de faire un travail non rémunéré au sein du foyer, tandis que les hommes sont censés travailler à l’extérieur pour gagner leur vie. Ainsi, il peut être difficile de collecter des données à certaines heures de la journée, car les femmes et les hommes peuvent ne pas être disponibles en journée ou en saison.

Il est donc pertinent d’être sensible aux normes, aux rôles et aux relations entre les sexes dans une communauté donnée, de garantir la disponibilité des répondants cibles et la confidentialité des réponses pendant le processus de collecte des données. Les propositions de recherche doivent décrire le processus d’identification des participants, les périodes et les lieux propices à la collecte de données afin de garantir des informations complètes, y compris de la part de ceux qui ont tendance à être moins impliqués dans le processus participatif.

Au cours de la phase de planification, il est important d’établir des indicateurs de base pour contribuer au suivi et à la mesure des progrès de votre projet de RMO. Ceux-ci doivent être développés en collaboration avec la communauté et la population étudiée. Les questions de l’analyse intersectionnelle du genre déjà considérées/développées peuvent être utilisées pour informer ces indicateurs. Les indicateurs sensibles au genre peuvent être spécifiques au sexe, désagrégés par sexe et/ou des indicateurs pour l’égalité des sexes. En termes généraux, les Indicateurs devraient: (i) guider la collecte de données qui peuvent être ventilées par les variables sociales pertinentes ; (ii) mesurer et suivre la réalisation des résultats escomptés ; (iii) mesurer les éventuelles lacunes dans les expériences des participants à l’étude ; (iv) éviter les catégorisations de grands groupes qui peuvent manquer les différences intra-groupes ; et (v) être sensible au genre (c’est-à-dire mesurer l’égalité des sexes directement ou être un indicateur de l’égalité des sexes).

Dans les outils de collecte de données et les indicateurs, considérez-les variables/proxy liées au genre en alignement avec les domaines de genre qui font partie intégrante de votre étude RMO. Le tableau 8 présente des exemples de variables/proxy liées au genre qui soutiennent l’analyse des domaines de relations de pouvoir entre les sexes par rapport aux résultats de santé pertinents pour la mise en œuvre.

Pour développer des indicateurs d’égalité de genre, explorez le rôle des relations de pouvoir entre les sexes spécifiques à votre projet de RMO, tel qu’il est inclus dans votre modèle de genre.

Lorsque vous développez des indicateurs, tenez compte des résultats de RMO pertinents que vous allez mesurer. Par exemple, si votre étude explore la manière dont la prise de décision influence l’acceptabilité d’une intervention sanitaire donnée (c’est- à-dire le résultat de RMO) pour les femmes mariées, votre indicateur intersectionnel d’égalité de genre pourrait être le suivant :

Proportion (%) de femmes mariées âgées de 15 à 49 ans qui décident habituellement d’accepter l’intervention sanitaire, soit seules, soit conjointement avec leur mari, ventilée par revenu, âge, éducation, etc.

Le Tableau 9 montre des exemples de différences entre les indicateurs sensibles au genre et les indicateurs intersectionnels.

Il est important de décrire clairement le plan d’analyse des données dans votre proposition de RMO. Les techniques et les modèles d’analyse des données doivent être conformes aux objectifs de l’étude, aux méthodes de recherche utilisées et aux types de variables de résultats prévus pour les RMO. Le plan d’analyse des données doit tenir compte du public cible, en mettant l’accent sur la simplicité et l’interprétabilité. Expliquez clairement les analyses que vous comptez effectuer sur les données. Indiquez le logiciel approprié que vous pourrez utiliser pour l’analyse des données.

Pour analyser efficacement les données en utilisant une optique intersectionnelle du genre, l’équipe de RMO doit avoir pris des mesures préparatoires dès les premières étapes de la conception de l’étude. Cela inclut la désagrégation des données ou des cadres d’échantillonnage par sexe et autres variables sociales, l’utilisation de cadres de genre et l’incorporation de questions d’analyse intersectionnelle du genre dans les outils de collecte de données.

Il est utile de développer une matrice pertinente d’analyse intersectionnelle du genre pour votre étude au début du processus de développement de la proposition. Comme il est difficile de s’interroger directement sur les relations de pouvoir entre les sexes, les cadres de travail sur le genre sont utilisés pour décomposer les façons dont ils se manifestent et ensuite développer des proxys pour analyser indirectement les relations de genre par rapport aux résultats pertinents en matière de santé ou autres. Une matrice d’analyse intersectionnelle du genre peut être utilisée pour vous aider à réfléchir aux domaines qui pourraient être les plus pertinents pour votre étude. Les chercheurs doivent commencer par remplir la matrice en identifiant comment les différents domaines des relations de genre peuvent affecter les domaines d’intérêt pertinents pour votre étude, et quelles variables sociales sont susceptibles de se croiser avec le genre pour influencer la marginalisation ou la vulnérabilité d’une personne dans ces domaines.

Le tableau 10 illustre un exemple d’utilisation de la matrice d’analyse intersectionnelle du genre lors de recherches sur les maladies infectieuses. Cela permet aux chercheurs d’identifier la manière dont les domaines des relations entre les genres affectent les domaines des maladies infectieuses, et d’identifier les variables sociales qui peuvent potentiellement se croiser avec le genre pour influencer une vulnérabilité individuelle. Il est important de développer une matrice d’analyse intersectionnelle du genre spécifiquement pour le domaine approprié du genre, le domaine d’étude et la variable sociale pertinents pour votre recherche. Par exemple, si vous envisagez d’effectuer une RMO sur l’accès aux moustiquaires par les adolescents, garçons et filles, dans une zone endémique de la dengue, afin de vérifier leur capacité à prévenir l’exposition aux piqûres de moustiques, vous pouvez identifier les normes, relations et valeurs de genre contextuellement pertinentes et également considérer quelles variables sociales spécifiques se croisent avec l’accès des garçons/filles aux moustiquaires. Si les normes de genre autorisent uniquement les garçons adolescents à porter des shorts (c’est-à-dire des vêtements non protégés), cela diminuera leur capacité à prévenir l’exposition aux piqûres de moustiques par rapport aux filles. Dans ce scénario, les variables sociales possibles qui peuvent être considérées comme influençant le risque d’exposition peuvent inclure l’âge, le sexe, la race/ethnie, le niveau d’éducation et le statut socio-économique.

Les données peuvent être analysées de deux manières différentes :

a) Intra-catégorielle : se concentrer sur un seul groupe social et analyser les expériences de ce groupe (par exemple, se concentrer uniquement sur les garçons adolescents et analyser comment leur âge, leur sexe, leur race/ethnie, leur niveau d’éducation et leur statut socio-économique se croisent pour influencer leur accès aux moustiquaires, et donc leur capacité à prévenir l’exposition).

b) Inter-catégorielle (par exemple, l’analyse des données pour les différences entre les garçons et les filles adolescents et entre les variables sociales telles que l’âge, le sexe, la race/ethnicité, le niveau d’éducation et le statut socio-économique). Par exemple, vous pouvez identifier et comparer les différences et les expériences en termes de vulnérabilité à l’exposition aux maladies entre des groupes sociaux tels que les garçons pauvres sans éducation et les filles pauvres sans éducation.

Analyse de données quantitatives intégrant une perspective intersectionnelle du genre

Avant d’analyser les données de recherche quantitative en utilisant une optique intersectionnelle du genre, vos données doivent être désagrégées par des variables pertinentes pour votre étude de RMO. En fonction de votre conception de recherche, l’analyse peut être intra-catégorielle ou inter-catégorielle. Dans les deux approches, l’analyse se concentre sur l’intersection de variables sociales sélectionnées pour comprendre comment ces variables interagissent pour créer différentes expériences de marginalisation et de discrimination, qui à leur tour façonnent les résultats de santé liés à votre étude RMO.

Il est également possible de réaliser une analyse de genre sur des données quantitatives secondaires, telles que des enquêtes démographiques sur la santé, des enquêtes sur la population ou des ensembles de données quantitatives propres. En général, les ensembles de données secondaires permettent d’approfondir l’analyse par sexe (hommes ou femmes) et l’analyse ventilée par sexe (hommes et femmes). Par exemple, si vous étudiez la prévalence du paludisme dans une population résidant dans une zone endémique, vous pouvez effectuer une analyse sexo-spécifique pour les hommes et les femmes séparément.

Pour effectuer une analyse sexo-spécifique, on prend en compte les différences de prévalence entre les hommes et les femmes chez qui on a diagnostiqué le paludisme. Cependant, pour réaliser une analyse intersectionnelle sexo-spécifique, vous devez désagréger ces données en fonction de la variable pertinente choisie pour votre étude (par exemple, l’âge, l’éducation, l’ethnicité, etc.). L’analyse intersectionnelle désagrégée par sexe explore la prévalence du paludisme entre et parmi les groupes d’hommes et de femmes, en fonction des différentes variables choisies comme pertinentes pour votre étude RMO.

En général, les données ne peuvent pas être ventilées par genre de la même manière qu’elles peuvent être ventilées par sexe. Par conséquent, les domaines pertinents des relations de genre doivent être inclus dans les outils de collecte de données et interrogés séparément ; ceux-ci sont parfois appelés variables de genre et sont utilisés comme proxy pour comprendre les relations de genre¹. Se référer aux tableaux 8 et 9 pour identifier les variables/proxys de genre et les indicateurs intersectionnels de genre, respectivement.

Contrairement aux méthodes quantitatives traditionnelles, l’analyse fondée sur l’intersectionnalité utilise une approche additive, en se servant d’une “base de référence” initiale sur laquelle d’autres analyses sont appliquées en utilisant la multiplicativité (par exemple, le coefficient de régression) pour tenir compte des effets des catégories qui se croisent sur les résultats sanitaires ou sociaux.

Analyse de données qualitatives intégrant une optique de genre intersectionnelle

L’analyse intersectionnelle du genre commence pendant la collecte des données, lorsque les chercheurs recueillent et réfléchissent de manière itérative sur les données et pratiquent la réflexivité tout au long du processus de codage ainsi que de l’interprétation et du rapport ultérieurs. Quel que soit le niveau d’analyse ou l’approche, il est important de noter que les attentes et les préjugés potentiels du chercheur doivent être ouverts, en particulier ceux qui résultent de l’interaction entre les données et les antécédents des chercheurs. Il faut faire attention à ne pas reproduire l’inégalité dans les processus de codage et d’analyse des données⁶⁵. Une analyse en plusieurs étapes est nécessaire pour permettre de passer d’une analyse additive à une analyse interactive. Lors de l’analyse des données, il vous faudra donc aller sous la surface de ce qui est dit/énoncé pour comprendre comment le genre s’entrecroise avec d’autres variables sociales pour influencer différentes expériences, en faisant le lien avec le contexte social, politique et culturel plus large. L’analyse des données se fait souvent à un seul niveau, le niveau sémantique, qui consiste à analyser les données à leur valeur nominale, en ne considérant que ce que les participants ont articulé ou écrit. Cependant, pour mener une analyse intersectionnelle des genres, les chercheurs doivent aller plus loin pour comprendre et identifier les hypothèses, les croyances, les schémas de pensée et les conceptualisations qui caractérisent le contenu sémantique. Cela est particulièrement vrai dans les cas où l’identité d’une personne peut être tellement normalisée/enracinée qu’elle peut ne pas voir comment ses expériences sont façonnées par les systèmes ou les structures de privilège et/ ou d’oppression résultant de cette identité ; il incombe donc au chercheur d’établir ces liens. Cette analyse interprétative permet de réaliser une analyse plus complète^22,66.

Les modèles de genre peuvent être utilisés pour développer des cadres de codage qui facilitent l’analyse des données qualitatives. En termes d’analyse, le type de méthodologie de codage est souvent basé sur les types de cadres utilisés. Ainsi, l’analyse inductive devrait être utilisée, lorsque cela est possible, car elle permet de dériver les codes à partir des données existantes. Pour faciliter l’analyse intersectionnelle du genre dans le cadre de la recherche qualitative, une analyse en plusieurs étapes est nécessaire. Il existe trois principaux niveaux de codage :

Le codage ouvert, qui implique une analyse des données qui code un passage à l’aide de codes multiples et qui se chevauchent (par exemple, l’accès aux ressources, les normes de genre, les rôles de genre, la prise de décision, l’âge, etc.).

Le codage axial, qui se concentre sur le raffinement inductif de chaque code séparé en codes plus distincts (par exemple, un code pour l’intersection des rôles de genre avec l’âge, un autre pour l’intersection des rôles de genre et la pauvreté, etc). Ces codes sont souvent développés suite à l’identification de relations et de modèles qui émergent pendant la phase de codage ouvert. Le regroupement des codes ouverts en différents thèmes qui aident à expliquer ce qui se passe peut faciliter l’identification des codes axiaux.

Le codage sélectif est utilisé pour affiner les codes afin de refléter un aspect spécifique de l’expérience intersectionnelle (par exemple, comment l’expérience des femmes mariées en matière de responsabilités domestiques influence leur accès à une intervention sanitaire). Ces codes relient souvent les intersections de différentes variables sociales aux expériences d’avantage ou de désavantage en relation avec le résultat de la mise en œuvre d’une étude RMO donnée.

L’encadré 6 illustre un exemple de la manière dont les domaines liés au genre peuvent influencer les comportements des hommes en matière de santé.

L’intégration d’un plan de gestion de la qualité dans une proposition de RMO est essentielle pour garantir que la recherche respecte (ou dépasse) les normes scientifiques, éthiques et réglementaires.

Comme dans d’autres formes de recherche, les considérations éthiques sont d’une importance vitale pour la RMO avec une perspective de genre intersectionnelle. Il est essentiel de respecter la dignité de tous les participants à la recherche et d’éviter de leur causer un préjudice physique, émotionnel ou psychologique tout au long du processus de recherche. Il est important de prendre des précautions supplémentaires pour minimiser les risques qui peuvent être associés au travail avec des populations vulnérables. Il est également essentiel d’être conscient des questions sensibles liées au contexte local, par exemple, et d’utiliser la langue de la communauté des participants et de respecter la façon dont la communauté s’identifie. Cela communique le respect de leur droit à l’autodétermination et le respect de leur vie⁷⁰ . Les approches participatives peuvent s’avérer particulièrement utiles, car elles permettent aux personnes qui représentent la population concernée de travailler avec les chercheurs afin de garantir la pertinence linguistique et culturelle des documents écrits ou verbaux, les documents de consentement, par exemple. La recherche doit être abordée avec “humilité culturelle” dans les communautés où il existe une méfiance historique persistante à l’égard des chercheurs, comme c’est le cas dans de nombreuses communautés marginalisées, en raison de pratiques de recherche non éthiques⁷¹.

La communication des plans et des résultats de recherche fait partie des bonnes pratiques de recherche en RMO. La communication des résultats de la recherche vous rend responsable vis-à-vis des participants et du processus de recherche lui-même. La diffusion des résultats de la recherche - en particulier auprès des participants à la recherche - ne se contente pas de leur fournir des données, mais les sensibilise également aux questions connexes et leur permet d’utiliser les résultats pour améliorer leurs pratiques en matière de santé²⁸.

Votre proposition doit inclure une section sur vos plans de diffusion, y compris où et à quels publics vous avez l’intention de diffuser les résultats de votre recherche. Dans la mesure du possible, vous devez chercher à communiquer les résultats et les conclusions de votre recherche à toutes les parties prenantes engagées dans l’effort de recherche, en utilisant les canaux les plus appropriés et pertinents.

The dissemination plan should include:

• Un objectif de communication, qui vise à promouvoir l’appropriation et l’engagement des principales parties prenantes dans la recherche et, en fin de compte, à aider à promouvoir et à faciliter l’intégration des résultats de la recherche dans les politiques, pratiques et programmes connexes.
• Vos publics primaires et secondaires.
• Des délais clairs pour la réalisation de votre diffusion.
• Les canaux/outils de diffusion que vous prévoyez d’utiliser (par exemple, des présentations éducatives ou informelles dans la communauté, des sessions d’information, des séances d’information sur les politiques, des conférences de presse, des diaporamas, etc.), une estimation du nombre de publications avec comité de lecture et autres publications prévues (y compris les noms des revues et des bulletins d’information, les documents imprimés, les notes de politiques, etc.) ainsi que le nombre et le nom des conférences scientifiques auxquelles l’équipe participera chaque année.

Au cours de l’élaboration de la proposition, il est également important d’envisager la manière dont le prisme du genre sera utilisé dans le rapport des résultats de l’étude. La première étape consiste à s’assurer de l’élaboration de rapports sensibles au genre, en tenant compte de la manière dont les hommes, les femmes et les personnes ayant une identité non binaire seront différemment affectés par les résultats. Lors de la rédaction d’un rapport sensible au genre, veillez à ne pas reproduire des stéréotypes sexistes potentiellement dangereux. Lors de la réalisation d’une analyse de genre, les pièges courants qui peuvent biaiser la recherche comprennent^1,72:

• La surgénéralisation : Se produit lorsqu’un seul sexe est étudié mais que les données sont présentées comme si elles étaient d’application générale (plutôt que spécifique au sexe). La surgénéralisation peut être représentée dans le langage utilisé pour discuter des résultats, par exemple lorsque seuls les termes “il” ou “homme” sont utilisés alors que les deux sexes sont visés. Dans le cadre des rapports sur la santé, des termes génériques sont souvent utilisés pour désigner des groupes composés uniquement de femmes ou d’hommes, tels que les patients, les membres de la communauté, les agents de santé communautaires ou les parents isolés, ce qui masque toute différence liée au sexe qui pourrait exister. Les groupes doivent toujours être distingués par sexe ou identité de genre, même lorsqu’un seul sexe ou identité de genre est inclus dans l’échantillon.
• Insensibilité au sexe et au genre : Se produit lorsque le sexe et le genre ne sont pas abordés dans la recherche, bien qu’ils soient liés au contenu de la recherche.
• Stéréotypes et/ou normes de genre nuisibles : Peuvent être reproduits/perpétués.
• Deux poids, deux mesures : Se produisent lorsque des comportements, des traits de caractère ou des réactions similaires sont observés par les hommes et les femmes, mais sont rapportés différemment.

Les questions clés à prendre en compte lors de l’élaboration de rapports sensibles au rapports sont les suivantes :

• Les données sont-elles rapportées d’une manière sensible au genre (c’est-à-dire avez-vous évité les pièges courants) ?
• Si le résultat de la recherche comprend des recommandations politiques, les résultats ont-ils été considérés en relation avec l’égalité des chances des hommes, des femmes et des personnes ayant des identités non-binaires ?
• Des images de différentes identités de genre sont-elles projetées dans les rapports ou les publications ? Ces images reproduisent-elles des rôles de genre stéréotypés ou des stéréotypes et/ou normes de genre nuisibles ?
• Les conclusions reproduisent-elles des stéréotypes et/ou des normes de genre nuisibles ? Comment les personnes ayant des identités de genre différentes peuvent-elles utiliser les résultats de différentes manières ?
• Les résultats et les conclusions concernant le genre et le sexe sont-ils rapportés même si aucune différence n’a été constatée ?